Les offrandes
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Tous ces différents rites, sacrifices, prières, libations qui se complètent et se renforcent sont souvent accompagnés d'offrandes d'objets de nature diverse. L'objet qui est posé, dressé ou suspendu dans un lieu sacré constitue un anathèma, dérivé du verbe anatithénai qui désigne ces gestes. Une fois consacré, l'anathèma ne doit plus quitter le sanctuaire ; des inventaires très précis en sont conservés. Le choix de l'objet est fonction des circonstances qui motivent l'offrande : un artiste, un athlète vainqueurs consacrent le trépied ou la couronne qu'ils ont gagnés ; c'est après une victoire militaire, une part des dépouilles conquises, un des bateaux pris à l'ennemi qui sont consacrés aux dieux. |
Certaines offrandes sont d'usage lors des étapes importantes de la vie :
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un nouveau myste consacre aux Deux Déesses les vêtements qu'il portait au moment de son initiation, une nouvelle mère ses jouets à Artémis (cf. la femme, le mariage) les jeunes Athéniens leurs cheveux pendant la fête des Apatouries. Des objets personnels, des outils de métier, de modestes figurines en terre cuite sont des anathèmata fréquents pour remercier les dieux et leur manifester sa piété. |
Ces offrandes simples peuvent côtoyer des offrandes beaucoup plus somptueuses, oeuvres d'art, monuments qui contribuent à
la richesse et à la beauté du sanctuaire. L'offrande est un hommage rendu aux dieux et un titre de gloire pour qui l'a consacrée,
homme ou cité : elle conserve le souvenir des hauts faits accomplis par les hommes, portant le nom du donateur, celui de la tribu
ou de la cité à laquelle il appartient ainsi que les circonstances de la consécration ; aucune cité ne manque de célébrer ses
succès par des statues et des monuments dignes de sa puissance, déposés dans ses propres sanctuaires ou mieux encore dans
les grands sanctuaires panhelléniques. A ces offrandes mises en dépôt dans les lieux sacrés pour
y être conservées, il faut joindre les offrandes des prémices, les aparkhai ; aux dieux en effet sont attribués tous les
commencements et c'est les honorer que de les leur consacrer.
L'usage le mieux attesté concerne les produits agricoles, notamment des moissons en Attique. Les prémices des récoltes de céréales sont consacrées aux Deux Déesses éleusiniennes, liées à la culture du blé : une quantité réglementée de grains est remise aux hiéropes d'Eleusis, elle est entreposée dans de vastes silos, puis vendue par leurs soins.
Avec le revenu qui en est tiré sont faits des anathèmata précieux déposés dans le temple et sont achetés des animaux qui sont sacrifiés aux déesses d'Eleusis. Athéna Parthénos reçoit aussi une part des prémices des moissons. L'habitude de consacrer aux dieux une part du butin, un peu de nourriture et de boisson avant de commencer son repas, témoigne de la vitalité de ces pratiques et de la place donnée aux dieux dans la vie quotidienne et dans la vie publique.