Le théâtre
Résumé:
Théatre de Dyonysos au pied de l'Acropole |
Les représentations avaient lieu dans de magnifiques théâtres en forme de demi cercle construit à flanc de colline. Ceux ci pouvaient contenir jusqu'à 17.000 personnes assisses: heureusement que les grecs étaient des experts en acoustique! Les comédiens étaient toujours des hommes: ils portaient des grands masques aux couleurs vives qui permettaient au public le plus éloigné de savoir si l'acteur représentait une femme ou un homme, un sage ou un fou, un individu joyeux ou un individu triste. |
Les grecs aimaient tellement le théâtre qu'ils leur arrivaient de se laisser emporter par la pièce et il fallait qu'un service d'ordre donne des coups de bâtons ça et là pour calmer les esprits!
Encyclo:
Le théâtre , tout comme les jeux olympiques, avait chez les grecs un
rôle religieux! Trois grandes fêtes religieuses en l'honneur de
Dionysos voyaient des représentations dramatiques : les Dionysies urbaines -
les Lénéennes - les Dionysies rurales. |
Organisation et règlements des concours dramatiques :
Les spectacles qui présentaient des pièces en première représentation se déroulaient aux Dionysies urbaines ou aux Lénéennes.
Les Dionysies rurales, les plus anciennes, se déroulaient dans les dèmes ; après l'institution des deux autres fêtes, on n'y
présenta plus que des reprises. Les Lénéennes furent instituées au VIème siècle (Pisistrate) ; c'était la fête des bacchantes mais
elles comportaient aussi des représentations dramatiques. On y jouait essentiellement des comédies, dont le sujet s'adressait
surtout à un auditoire du cru : or, en janvier, seuls les Athéniens assistaient à ces représentations. Les tragédies, au contraire,
traitant de sujets d'ordre général et intéressant un plus vaste public, étaient représentées aux Dionysies urbaines, qui attiraient
une foule d'étrangers (en mars, la navigation reprenait).
Les représentations, organisées par l'Etat, prenaient la forme d'une compétition entre plusieurs rivaux Cette compétition était du
ressort de l'archonte éponyme pour les Grandes Dionysies, de l'archonte-roi pour les Lénéennes, du démarque (=maire) aux
Dionysies rurales. On désignait d'abord les chorèges, c'est-à-dire les citoyens riches qui sous forme de liturgies payaient ainsi un
impôt supplémentaire (Aristote, Constitution d'Athènes); les chorèges entretenaient et équipaient à leurs frais les choeurs,
s'occupaient de les faire instruire et assuraient leur rémunération pendant la durée des répétitions. Ensuite l'archonte choisissait
les poètes qui seraient admis au concours ; ceux-ci recrutaient à l'origine eux-mêmes les acteurs ; puis l'Etat s'en chargea
(examen de passage imposé aux candidats) et institua un deuxième concours, celui d'interprétation, entre les protagonistes.
Enfin on attribuait par tirage au sort à chaque chorège un poète et à chaque poète un protagoniste. Plus tard, au 4ème siècle,
chaque protagoniste interpréta une pièce de chaque poète, ce qui égalisait les chances.
Le lieu du spectacle
Le théâtre, en Grèce, n'a aucun rapport avec le théâtre moderne; c'est un édifice à ciel ouvert; les représentations ne sont donc
possibles qu'en plein jour et quand le temps le permet. Le théâtre comprend en son centre l'orchestra dont la forme circulaire
rappelle le cercle que formait la foule autour des danseurs du dithyrambe; au centre de l'orchestra se trouve l'autel en l'honneur
de Dionysos (la thymèlè); l'ensemble des gradins (théatron ou koïlon) est installé au creux d'une colline ; ils sont disposés en
hémicycle, divisés en paliers horizontaux et comportant des escaliers; aux premiers rangs, des sièges d'honneur. Face au
théatron, dont il est séparé par des passages à ciel ouvert (les parodoî) se dresse le bâtiment de la scène
(skènè), baraque où les acteurs changeaient de costume, puisque plusieurs rôles étaient joués par un même acteur; ce bâtiment était précédé par une
estrade légèrement surélevée par rapport à l'orchestra; sur la façade de la skènè on déplace des panneaux mobiles représentant
une façade de maison, de palais etc.
La représentation.
Avant la représentation, la troupe défile devant le public ; la statue de Dionysos est tirée de son temple et placée sur le théâtre ;enfin arrive un héraut proclamant le nom du poète. La représentation commence très tôt le matin, peu après le lever du jour. On
s'y rend la tête couronnée comme pour une cérémonie religieuse ; chaque spectateur reçoit à l'entrée un jeton portant une lettre
de l'alphabet désignant la section des gradins où se trouve sa place (chaque tribu a sa section). Le prix d'entrée est très
modique (deux oboles = quelques francs) et permet d'assister à toutes les représentations de la journée, soit, avant le coucher
du soleil, quatre ou cinq pièces, chacune jouée sans entracte. Chaque
poète tragique présente une tétralogie, c'est-à-dire trois
tragédies (en principe sur le même sujet : ainsi l'Orestie d'Eschyle,
seule trilogie qui nous soit parvenue, comprend l'"Agamemnon",
"les Choèphores" et "les Euménides") et un drame
satyrique. Pour les comédies, cinq poètes présentaient chacun une
pièce ; les spectateurs assistaient donc à quinze, voire à dix-sept
pièces en quatre jours. On peut penser, de nos jours, à la même
"performance" pour le festival de Bayreuth. Pour d'aussi
longues séances on peut imaginer un certain brouhaha ou quelques
bagarres parfois... En tout cas, on se restaure sur place et une
certaine atmosphère de kermesse accompagne les représentations ; Là,
pensons aussi à l'atmosphère dans laquelle se déroulaient nos
mystères du Moyen-Age. |
Une tragédie comporte : un prologue, l'arrivée du chœur (parodos), des épisodes (ou actes) séparés par des chants du
chœur (stasima) et un acte final avec sortie du chœur (exodos) ; au total, le plus souvent, cinq "actes" qui sont à l'origine des divisions
des tragédies françaises. La comédie d'Aristophane offre à peu près les mêmes divisions, mais comporte en plus une parabase
où le chœur, en "civil", interpelle le public au nom du poète .
Le déroulement de l'action n'est pas très réaliste car la machinerie est très rudimentaire. Cependant un certain nombre de
dispositifs mécaniques concouraient à l'intelligence de la pièce : l'encyclème, qui amenait sur la scène des personnages censés
être à l'intérieur de la maison ; une machine (mèkanè - machina en latin) mise en mouvement par une poulie et une corde ,
permettait à un personnage de monter au ciel (cf. Médée) ou à un dieu d'apparaître pour réciter une tirade (d'où l'expression
"deus ex machina" qui signifie l'intervention soudaine d'un dieu dans l'action) ; le bronteion, baril plein de pierres qui roulaient sur
une feuille de métal pour imiter le bruit du tonnerre, etc.
Les acteurs portent des masques peints qui leur servent de porte-voix et indiquent leur rôle dans la pièce ; les acteurs de
tragédie portent aux pieds des cothurnes, chaussures à semelle haute, et des perruques, qui les font paraître plus grands. Leur
vêtement est une tunique à manches (chitôn) qui descend jusqu'aux pieds, dont la couleur diffère selon le rôle; par-dessus cette
tunique, ils portent une sorte de châle. Les acteurs de la comédie ancienne avaient la poitrine et le ventre rembourré de manière
grotesque par des coussins sous leur tunique. Les acteurs récitent leur rôle sur un ton assez conventionnel mais les choreutes,
eux, chantent avec accompagnement instrumental. Le "jeu" des acteurs se borne donc, étant donné les masques, à des gestes
du corps (sorte de mimique) mais surtout des mains et des doigts; on disait couramment "danser avec les mains
. A noter qu'aucune femme n'a jamais joué sur la scène grecque ; les rôles de femmes étaient tenus par des hommes.
Les récompenses
A la fin du concours, dix juges tirés au sort votent ; sur leurs dix votes, on en tire au sort cinq qui constituent le jugement
définitif....pas toujours accepté du public d'ailleurs . Trois prix sont décernés dans chaque catégorie, tragique
et comique : au poète, au chorège et au protagoniste. Les vainqueurs reçoivent une couronne de lierre et dédient à Dionysos un
ex-voto ; il en subsiste un à Athènes : le monument de Lysicrate.