S'habiller au temps des grecs

Résumé: 

Il n'y avait pas de pantalon ni de fermetures éclairs au temps dans l'Antiquité! Les  grecs portaient des vêtements légers et amples ( c'est une région chaude de l'Europe): il s'agissait de robes flottantes ou de simples tuniques appelées "chiton" constituées de deux carrés de tissu drapés sur le corps et maintenus aux épaules par des épingles ou des broches. Les grecs ne mettaient de chaussures que lorsqu'ils sortaient de chez eux: il s'agissait le plus souvent de simples sandales de cuir parfois renforcées d'une semelle de liège bien agréable sur les sols caillouteux.

Les tissus

Le plus employé est la laine, mais aussi le lin, importé d’abord d’Orient, puis cultivé en Élide, en Achaïe ou dans les îles, Crète ou Chypre (Hérodote, Histoires,). Une qualité très fine de ce lin, appelé "byssos" était très recherchée par les élégantes. Le coton (appelé "laine végétale" par Hérodote) est peu utilisé (Hérodote, Histoires).  Ce sont les femmes qui préparent à la maison la matière première. Elles filent avec la quenouille et tissent en se tenant debout devant un métier vertical, où elles fixent d’abord avec des poids les fils de la chaîne (verticaux) entre lesquels ensuite elles passent une navette. On obtient ainsi des pièces d’étoffe rectangulaires qui n’ont pas besoin d’être coupées pour se transformer en vêtements : on pliait le rectangle dans le sens de la hauteur ; il fallait ensuite juste un trou pour passer un bras et l’autre côté était maintenu par des agrafes. Les tissus peuvent ensuite être teints ; le tissu est uni ou marqué de dessins géométriques au cours du tissage - ou brodé par la suite.

Les vêtements

Le vêtement de base, pour les hommes comme pour les femmes est la tunique (le "chitôn") qui constitue le vêtement de dessous. La forme et le style des tuniques ont varié selon les époques, les régions... et la mode ! On distingue, pour les femmes, les tuniques de style dorien et les tuniques de style ionien.
La tunique féminine de style dorien est généralement appelé "péplos" ; il est en tissu lourd (laine en général). C’est une pièce rectangulaire à gros plis (cf. les Korai de l’Érechteion) dont le haut forme un rabat sur la poitrine (parfois aussi sur les épaules). Les deux moitiés du tissu sont attachées par une agrafe sur chaque épaule (Hérodote, Histoires,). Le péplos est maintenu à la taille par une ceinture. Chaque année, lors de la fête des Panathénées, on offrait à Athéna un péplos brodé (Platon, Euthyphron).
Le chitôn ionien, apparu au 6ème siècle, est en tissu léger (lin ou soie), sans rabat, plus long que le chitôn dorien et est attaché sur les épaules par une série de petits boutons qui forment de nombreux plis serrés. Il peut être muni éventuellement de manches courtes. Une cordelette, fixée à la taille, fait bouffer le tissu ( d’où l’élégance des plis du drapé) (Théocrite, Idylles).

Les hommes portent un chitôn plus court que celui des femmes et attachent souvent leur tunique seulement sur l’épaule gauche. La tunique la plus primitive est appelée "exomide" (de ex+ômos = qui laisse une épaule libre) ; elle est portée par les esclaves, les ouvriers et les soldats. Elle laisse largement dégagée toute la partie droite du torse.
Sur la tunique hommes et femmes peuvent porter un manteau, appelé "himation". C’est une grande draperie en forme de carré ou de rectangle attaché autour du cou ou sur l’épaule par une broche. On se drapait dans l’himation selon la fantaisie ou... l’état du ciel : dans ce cas on pouvait se draper dans son manteau jusqu’au menton ou en utiliser un pan qu’on faisait passer sur sa tête en guise de capuchon.

Les cavaliers, les voyageurs, les jeunes gens en général préféraient porter la "chlamyde" (Xénophon, Anabase), vêtement venu de Thessalie ou de Macédoine. Les jeunes la portaient jusqu’à l’éphébie (c’est-à-dire l’âge adulte). La pièce d’étoffe (carré ou rectangle) était munie des deux côtés  de pointes en forme de triangle. Le carré ou le rectangle était placé dans le dos et on ramenait les pointes en avant en les fixant sous le cou par une agrafe. Selon la fantaisie ou l’élégance les deux pointes étaient symétriques ou déplacées de côté, etc..

La coiffure

Les hommes vont généralement nu-tête. Quelquefois ils portent un bonnet de feutre, de forme plus ou moins conique, muni, éventuellement, d’une visière pour le soleil, appelé le "pilos". En voyage, on porte le "pétase", chapeau de feutre ou de paille, à larges bords, muni d’une bride, coiffure habituelle du dieu Hermès, chargé des missions de l’Olympe. Les femmes vont également le plus souvent nu-tête, et leurs cheveux longs sont rarement dénoués mais retenus dans des résilles ou maintenus par de longs peignes (Euripide, Médée). Elles se couvrent souvent la tête d’un pan de leur péplos ou de leur himation ; parfois aussi elles portent la "tholia", qui est une variante du pétase, comme on le voit sur les statuettes de Tanagra.

Les chaussures

Les Grecs vont souvent pieds nus (à la maison à peu près toujours). Dehors ils portent néanmoins en général des sandales (Platon, Banquet) (Homère, Odyssée) ; celles-ci sont faites sur mesure (Platon, Alcibiade) : le cordonnier découpe la semelle (bois, liège ou cuir) autour du pied du client. Ces sandales, qui ne couvrent en général que le côté du pied, sont attachées aux
pieds par des courroies, parfois très décoratives, qui passaient autour des chevilles et des orteils. Les femmes ont des chaussures de formes très variées (mules, espadrilles, sandales, etc.) (Hérondas, Mimes) et toujours de couleurs vives, comportant souvent des talonnettes à l’intérieur pour se grandir. Les voyageurs, les soldats portaient des brodequins, sortes de bottines qui couvraient tout le pied mais où les orteils sont découverts.
Différents noms sont donnés aux chaussures (hypodêma, krêpis, endromis) mais le plus connu est le "cothurne" (venu de Lydie) qu’Eschyle transforma, dit-on, pour l’adapter au théâtre (Xénophon, Helléniques). C’est une chaussure à haute semelle, qui peut se mettre indifféremment au pied droit ou au pied gauche.

Les accessoires de la toilette

Les femmes portent des colliers, des bracelets (portés au poignet ou sur le haut du bras), des boucles d’oreille et des anneaux autour des jambes. Elles ne sortent guère sans éventail ou ombrelle. Si l’ombrelle ressemble aux ombrelles actuelles, l’éventail, lui, est constitué uniquement d’une feuille de palmier dont le pédoncule sert de manche.

L’évolution du vêtement depuis l’époque homérique

Le chitôn d’homme : à l’époque homérique, il est en toile de lin. à l’époque classique, en laine de brebis. Il y a plus d’élégance et de jeu dans le drapé.

L’himation : à l’époque homérique : les deux extrêmités sont tirées sur le devant, le reste pend dans le dos ; à l’époque  classique : il est drapé sur l’épaule gauche, puis sous le bras droit et ramené sur l’épaule gauche. Même remarque : le jeu des plis est plus riche.

Le péplos : à l’époque homérique : les deux bords du plépos sont attachés sur la poitrine et la ceinture est très serrée à la taille. à l’époque classique : la tunique est attachée sur les deux épaules et tombe libre et la ceinture est lâche.

La couleur : à l’époque homérique : les vêtements sont bariolés, richement ornés, brodés, etc. à l’époque classique : le vêtement est d’une seule couleur qui fait mieux valoir les formes du corps. En revanche, pour l’himation, le goût grec - oriental- pour les couleurs subsista d’Homère à l’époque classique.