Les fêtes religieuses
Celles-ci remontent fort loin dans le temps. De nombreux témoignages (fouilles
archéologiques, vases...) prouvent que non seulement des concours sportifs (surtout du tir à l'arc, (Homère, Iliade), spécialité des Crétois) mais aussi des fêtes religieuses
se déroulaient en Crète devant de nombreux spectateurs et spectatrices (Plutarque, vie de Thésée) : des danses rituelles
célébraient par exemple le retour du printemps; les fêtes d'initiation ou les cérémonies funéraires s'accompagnaient de
processions mais aussi de danses.
Dans la cité grecque on a connu d'abord des repas publics auxquels assistaient tous les citoyens, en l'honneur des divinités
protectrices de la ville ; à l'époque classique encore, il y avait chaque jour un repas sacré au Prytanée d'Athènes, accompli par
des citoyens tirés au sort "( les "parasites", terme d'abord sacré).
A Athènes les fêtes religieuses étaient particulièrement nombreuses et brillantes; seule la guerre pouvait les suspendre ou en
réduire l'éclat. Elles exaltaient, en même temps que les sentiments religieux, la fierté nationale. Elles s'étalaient sur presque tous
les mois de l'année ; certains mois, même, comme celui de Pyanopsion (=octobre) en étaient surchargés. Elles comportaient des
concours soit athlétiques, soit musicaux, soit dramatiques.
Les principales fêtes religieuses étaient les suivantes (à noter que l'année athénienne commence en juillet):
en juillet : les Panathénées, grande fête nationale de la protectrice de la cité, Athéna ;
en septembre : les mystères d'Eleusis, en l'honneur de Démèter etde sa fille, Korè ;
en octobre : les Pyanopsia, fête des semailles, en l'honneur d'Apollon ;
les Thesmophories, réservées aux femmes exclusivement, en l'honneur de Démèter (Plutarque, vie de Démosthène) ;
les Apaturies, fête civique des phratries (=divisions de la tribu) ;
les Chalkeia, fête des artisans, en l'honneur d'Athéna Erganè et d'Héphaïstos ;
en décembre : les Dionysies rurales, réjouissances populaires, plus ou moins débridées, en l'honneur de Dionysos ;
en janvier : les Lénéennes, en l'honneur de Dionysos ;
en février : les Anthéstéries, fête du vin, en l'honneur de Dionysos ;
en mars : les grandes Dionysies ou Dionysies urbaines, en l'honneur de Dionysos ;
en avril : les Plyntéries, fête du bain d'Athéna.
Nous dirons un mot rapide de quelques-unes de ces fêtes avant d'insister sur les plus importantes.
aux Apaturies, les pères de famille présentent aux membres de leur phratrie les enfants légitimes nés dans l'année pour qu'ils
soient régulièrement inscrits ;
aux Anthéstéries, on ouvre les jarres (pithoï) où est conservé le vin depuis les dernières vendanges ; il s'y déroule un concours
de buveurs à qui avalera le plus rapidement possible le vin contenu dans un pot (choè) (Aristophane, Acharniens) ;
aux Plynthéries on porte jusqu'au port de Phalère la vieille statue de bois d'Athéna Poliade et on la plonge dans la mer avec son
péplos (=manteau). Ce bain de la déesse était un symbole de la purification de toute la cité.
Venons-en maintenant aux fêtes les plus importantes.
Les mystères d'Eleusis : nous avons peu de renseignements sur les cérémonies qui se déroulaient à Eleusis car tout initié (ou
myste) qui révélait ce qu'il avait vu était passible de mort. Il s'agit d'une fête d'initiation pour citoyens, esclaves ou même
barbares. Après un bain rituel pour les mystes, une procession portait la corbeille mystique d'Athènes à Eleusis. Puis, après un
jour de jeûne, prenaient place deux nuits d'initiation. Il semble qu'on dévoilait aux mystes les objets sacrés ; puis ils devaient se
déplacer dans l'obscurité, au son de chants lugubres et voir apparaître subitement des torches éclairant un épi moissonné. Ces
mystères promettaient sans doute pureté, liberté et bonheur outre-tombe (Homère, Hymne à Démèter) et (Homère, Hymne à
Démèter).
Les Panathénées : elles ont lieu tous les ans mais sont célébrées avec plus de solennité tous les quatre ans ("grandes"
Panathénées) ; elles duraient six à neuf jours; elles comportaient des concours gymniques (courses avec flambeaux, notamment)
où les vainqueurs recevaient de l'huile des oliviers sacrés d'Athéna, renfermée dans des amphores dites "panathénaïques"
(Aristote, Constitution d'Athènes) .Puis avait lieu une grande procession (représentée sur la frise du Parthénon) qui se
déroulait à travers la ville jusqu'à l'Acropole ; les prêtres et les serviteurs du temple conduisaient les victimes parées pour le
sacrifice; des jeunes filles portaient des corbeilles contenant les objets sacrés ; des vieillards tenaient à la main des branches
d'olivier ; des éphèbes à cheval accompagnaient la procession. Celle-ci portait, sur un char en forme de vaisseau, le péplos
brodé chaque année par des jeunes filles, destiné à vêtir la vieille statue de bois d'Athéna placée dans
l'Erechteion . Sur l'Acropole on offrait un immense sacrifice appelé hécatombe (=cent boeufs), d'où le nom
d'Hécatombéion donné au mois de juillet. Aux Panathénées, l'habitude s'instaura très vite de réciter des extraits d'Homère.
Trois grandes fêtes religieuses en l'honneur de Dionysos voyaient des représentations dramatiques :
les Dionysies urbaines - les Lénéennes - les Dionysies rurales.