Toute
la vie d'Alexandre le grand
La jeunesse d'un héros...
Il naît à Pella, capitale du royaume de Macédoine, en juillet 356. Il est le fils de Philippe II (contre les ambitions duquel s'était
élevé Démosthène) et de la princesse Olympias, fille du roi des Molosses (en Epire, le pays d'Achille).
Sa naissance s'environne d'innombrables légendes miraculeuses. Beau, vigoureux, excellent
cavalier, il s'emporte facilement mais sait se montrer aussi loyal, franc et généreux.
Son père lui donne pour précepteur le philosophe Aristote qui met son élève en contact étroit avec la culture grecque :
Alexandre voue un véritable culte aux héros de l'Iliade, Achille en particulier, dont il prétendait descendre par sa mère, et aspire
ardemment à leur ressembler. Très tôt son père l'associe au pouvoir et à ses responsabilités : il participe à la bataille de Chéronée (338) à la tête de la
cavalerie et est ensuite envoyé en ambassadeur pour rapporter à Athènes les cendres des Athéniens tués au cours de la bataille.
Après Chéronée, Philippe avait conçu le projet de réunir toutes les force grecques, unies (sauf Sparte) dans la Ligue de
Corinthe, contre la Perse, idée qui avait été déjà défendue en 380 par l'orateur Isocrate ;
une garnison macédonienne était déjà en place à Abydos, sur la côte asiatique. Mais Philippe fut assassiné (336) avant d'avoir
pu réaliser ses projets.
Dès son avènement, Alexandre proclame sa volonté de poursuivre l'œuvre de son père. Cependant il doit d'abord réprimer les
tentatives d'opposition dans la noblesse macédonienne, chez les peuples voisins comme en
Grèce même, par des exécutions sommaires et des répressions sanglantes : Thèbes ainsi, qui s'était soulevée avec l'aide tacite
des Athéniens, est vaincue et la ville totalement rasée. Désormais reconnu maître absolu de la Grèce, Alexandre peut achever les préparatifs de
l'expédition d'Asie, menée sous le prétexte d'une guerre de représailles pour les torts subis lors des guerre médiques.
Les conquêtes!
* En Asie Mineure
Après avoir laissé la surveillance de la Grèce aux soins d'Antipater avec les contingents les plus sûrs de l'armée, Alexandre part
pour l'Asie (334) avec une armée de trente cinq mille fantassins et de cinq mille cavaliers. Parti d'Amphipolis (en Thrace) il
débarque à Troie sans que le roi de Perse, Darius III Codoman, songe même à lui interdire la
traversée de l'Hellespont. L'armée perse, très supérieure en nombre, tente d'arrêter l'armée macédonienne sur les rives du
Granique (mai 334), fleuve de la Propontide. Malgré l'obligation de traverser le fleuve et d'escalader une rive escarpée, les
Macédoniens mettent les Perses en fuite après une ardente mêlée de cavalerie où Alexandre manque d'être tué à plusieurs
reprises.
Alexandre s'emploie ensuite à conquérir toute la région côtière afin d'empêcher les Perses de s'en servir comme base pour
envahir la Grèce. C'est ainsi qu'il libère un certain nombre de villes de leur tyran ou des oligarques qui les gouvernaient et y
rétablit la démocratie. Cependant quelques villes lui résistent (Halicarnasse, Lampsaque ou Aspendos) et, dans ce cas,
Alexandre sévit. Pendant tout l'hiver 334-333 Alexandre parcourt la Lycie, la Pamphylie, la Pisidie au sud de l'Asie Mineure,
qu'il conquiert et dont il confie le gouvernement à son ami Néarque. Alors seulement Alexandre s'enfonce dans l'intérieur des
terres et occupe Gordion, où il tranche d'un coup d'épée le nœud fixant le joug au char de l'ancien roi
Gordios. Puis il se dirige, vers l'est, vers les monts Taurus qu'il franchit aisément.
* Bataille d'Issos ; conquête de la Syrie et de l'Égypte
Alexandre arrive à Tarse dont il s'empare et où il frappe monnaie. Mais il tombe gravement malade après avoir pris un bain
dans le Cydnus. Sa situation est d'autant plus grave que le roi de Sparte tente une révolte en s'alliant
aux amiraux perses. Mais, juste à ce moment, l'immense armée (six cent mille hommes) que les Perses ont concentrée, pour
défendre la Syrie, dans la plaine d'Issos (large de cinq kilomètres, entre les monts Taurus et la mer) est bousculée par
Alexandre avec sa fougue habituelle. Darius s'enfuit, laissant entre les mains du vainqueur sa mère, sa femme, ses filles et un
immense butin ; il se retire dans l'intérieur de ses Etats, au-delà de l'Euphrate.
Désormais les routes de la Syrie et de l'Égypte sont ouvertes pour Alexandre; plusieurs villes se rendent ; seule Tyr, dans sa
position insulaire, résiste farouchement pendant sept mois. Après avoir construit d'imposantes digues
et autres fortifications, Alexandre s'empare de la ville : huit mille Tyriens périssent et les autres sont vendus.
Puis il s'attaque à Gaza, où il est blessé deux fois ; furieux, après la victoire, il fait subir un affreux supplice au gouverneur de la
cité. En Égypte, Alexandre est accueilli comme un libérateur, car les Perses y sont détestés. Voulant
implanter l'hellénisme dans la vallée du Nil, il fonde, à l'ouest du delta, la ville d'Alexandrie, la première du nom
d'Alexandre et confie l'administration de l'Égypte à plusieurs chefs civils et militaires macédoniens. Puis il reçoit des prêtres du
dieu Amon, dont il va consulter l'oracle après une longue route dans le désert, le titre de "fils d'Amon", titre jadis porté par les
Pharaons. Aux yeux des indigènes il est donc dieu. Désormais Alexandre est maître de l'Asie hellénique et méditerranéenne ; enivré par ses succès il recommence la lutte contre
Darius (331).
* La chute de l'empire perse
Alexandre a pour ambition de pénétrer au cœur même de l'empire perse et de se faire proclamer roi à la place de Darius. Il
franchit donc l'Euphrate et le Tigre sans aucune résistance : Darius a massé ses troupes (un million d'hommes, dit-on) à l'est du
Tigre, près de Gargamèle, au nord d'Arbèles. C'est pour lui le dernier recours. Malgré l'importance
de l'enjeu, Alexandre dort d'un sommeil profond la nuit précédant l'engagement. Avec sa tactique
habituelle (à l'aile droite la cavalerie avec le roi à sa tête, au centre la puissante phalange macédonienne) Alexandre rompt le
front de l'armée perse. Darius abandonne sur le terrain son char et ses armes (2 octobre 331).
Maintenant la Perse ne possède plus d'armée organisée et Darius n'est plus qu'un fuyard. Toutes ses capitales sont prises et
leurs richesses pillées mais Alexandre épargne les habitants et les coutumes du pays. Désormais roi de l'Asie, il est reçu comme
tel à Babylone et à Suse ; il rencontre plus de résistance autour de Persépolis dont il incendie les palais en représailles, dit-on, des crimes commis par Xerxès ; il rend hommage au tombeau de Cyrus le Grand à
Pasargades. Cherchant toujours à capturer Darius, il croit le trouver encore plus à l'est, à Ecbatane; mais celui-ci fuit toujours
plus loin, entouré de moins en moins de fidèles. Alexandre le poursuit avec un petit groupe d'hommes par une marche forcée et
exténuante ; lorsqu'il est en vue, un des satrapes qui accompagnent Darius tue celui-ci. Alexandre fait rendre les honneurs
royaux à la dépouille de Darius: Alexandre se considère maintenant comme le successeur et l'héritier de Darius; il finit de soumettre la Perse orientale
(aujourd'hui l'Afghanistan, le Turkestan, le Béloutchistan) mais avec beaucoup de mal : une guérilla de presque trois ans
(330-328), un climat torride ou glacial, un terrain difficile. La résistance perse ne cesse qu'avec la soumission de la Sogdiane et
de la Bactriane, où Alexandre épouse, dans le rite perse, Roxane, fille du bactrien
Oxyarte.
* La conquête de l'Inde et la reconnaissance du Golfe Persique
L'incertitude de ses dernières conquêtes, acquises souvent au prix de sanglantes exactions, le mauvais moral de ses troupes qui,
de plus en plus, réclament le retour au pays natal, l'opposition de plus en plus virulente des nobles macédoniens qui voient leur
roi se comporter maintenant en monarque absolu et adopter le vêtement et les habitudes perses ne
font qu'irriter Alexandre et le pousser à des actes de violence dont il se repent parfois ensuite.
La Perse orientale soumise, Alexandre peut enfin se diriger vers l'Inde qui était son but depuis déjà plusieurs années. Aux yeux
des Grecs, c'est un pays peuplé d'êtres fantastiques et regorgeant de merveilles. En fait, Alexandre avait des renseignements
assez précis sur le pays, déjà conquis par la dynastie perse et connu grâce à des relations comme celles d'Hérodote. Il descend
dans le bassin de l'Indus, puis se dirige vers l'Hydaspe, limite du royaume perse. Au-delà se trouve un roi très belliqueux,
Poros, qui veut interdire aux Macédoniens de franchir le fleuve. Par une ruse Alexandre réussit néanmoins à le franchir mais le
combat avec Poros et son armée, renforcée d'éléphants, est meurtrier. La vaillance de Poros, sa
dignité dans la défaite conquièrent l'estime d'Alexandre qui le traite en allié.
Cette dernière bataille, si pénible, fut la dernière : l'armée, qui s'est avancée, en pleine mousson, presque jusqu'au Gange (limite
extrême du monde connu) se mutine , refuse de poursuivre sa marche et exige d'Alexandre de rebrousser chemin
immédiatement. Alexandre ne peut que céder.
Le retour et la mort.
Il revient donc vers l'Indus et descend au sud en direction de l'océan Indien en traversant, au prix d'atroces souffrances et avec
des pertes énormes, le désert de Gédrosie, parallèlement au Golfe Persique, pendant que son ami Néarque, à la tête de la
flotte, longe le rivage, de l'embouchure de l'Indus à celle de l'Euphrate, malgré la pénurie de ravitaillement en vivres et en eau (et
la rencontre de baleines ! ) ; il parvient au fond du Golfe Persique et avec ses hommes, rejoint la
piste qui se dirige vers Suse, où il retrouve Alexandre. Là, le roi organise les noces de Suse : dix mille soldats,
quatre-vingt généraux, le roi lui-même prennent une épouse de souche perse. Statira, la fille aînée de Darius, devient la compagne
d'Alexandre. Ensuite, Alexandre demande qu'on lui rende les honneurs divins.
De Suse, Alexandre revient à Babylone, où il entreprend de nombreux et vastes travaux. Il méditait certainement d'autres
expéditions lorsqu'il est brutalement pris par une fièvre maligne qui le terrasse en une dizaine de jours (juillet 323).